Pas de place pour les demi-mesures : des modèles diesel, pourtant récents et conformes à la fameuse norme Euro 6, seront prochainement persona non grata dans de nombreux centres-villes européens. Des seuils d’émissions revisités les mettent aujourd’hui hors-jeu, provoquant l’incompréhension, et parfois la colère, de leurs propriétaires.
Face à cette bascule réglementaire, plusieurs collectivités avancent à marche forcée vers l’élimination totale des moteurs diesel d’ici 2030. Pendant ce temps, les constructeurs commercialisent toujours des modèles estampillés Euro 6, jusqu’en 2025. Entre calendrier administratif, inertie du parc roulant et objectifs climatiques, la transition promet d’être tout sauf linéaire.
Norme Euro 6 diesel : comprendre ses enjeux et ses limites
Lancée en septembre 2014 pour les nouveaux modèles, la norme Euro 6 a imposé une réduction drastique des émissions polluantes des véhicules. L’accent porte sur la chasse aux oxydes d’azote (NOx), au monoxyde de carbone et aux particules fines générées par les moteurs diesel.
Pour garantir la conformité, la Commission européenne a longtemps privilégié le cycle NEDC pour les tests d’homologation. Mais la réalité de la route a fini par s’imposer : depuis 2017, le cycle WLTP, plus proche des conditions de conduite réelles, a pris le relais. À cela s’ajoutent les tests RDE (Real Driving Emissions), effectués grâce à des dispositifs PEMS embarqués, qui apportent une mesure plus fidèle des gaz polluants émis en circulation.
Limites et évolutions
Il reste des angles morts. Voici ce qu’il faut retenir :
- La norme Euro 6 tolère un certain écart lors des tests RDE : le facteur de conformité permet aux véhicules de dépasser les seuils officiels pour prendre en compte les aléas de la circulation réelle.
- Même avec l’évolution des technologies, des émissions polluantes subsistent, en particulier lors des démarrages à froid ou dans des conditions extrêmes.
Pour répondre à ces exigences, les constructeurs ont investi massivement dans des dispositifs catalytiques SCR et des filtres à particules de haute technologie. Pourtant, l’usage urbain, la diversité des trajets et la réalité du trafic montrent que la lutte contre la pollution ne se limite pas à une simple norme sur le papier.
Fin programmée : quelles dates clés et quelles réglementations à venir ?
Le calendrier s’accélère pour la fin Euro 6 diesel. Partout en France, les zones à faibles émissions (ZFE) redessinent la carte de la circulation. Paris, Lyon, Grenoble, Marseille, Rouen, Strasbourg, Montpellier, Toulouse et Toulon font déjà figure d’exemples. Dans ces grandes villes, la circulation des véhicules diesel, même avec une vignette Crit’Air 2, se referme progressivement.
L’Europe poursuit la pression : la norme Euro 7, attendue pour 2025, promet d’imposer de nouvelles limites, cette fois encore plus strictes. Les moteurs diesel sont poussés dans leurs retranchements, pendant que les véhicules électriques et hybrides, eux, avancent à grands pas dans les politiques publiques.
En France, le rythme s’intensifie. Dès 2025, l’accès aux ZFE sera fermé aux véhicules Crit’Air 3. Puis, à partir de 2028, ce sera au tour des diesels Crit’Air 2, autrement dit, l’immense majorité des diesels Euro 6, d’être exclus des centres urbains concernés. À l’échelle européenne, l’interdiction de la vente de voitures thermiques neuves, diesel comme essence, est fixée à 2035, marquant une nouvelle étape vers une mobilité moins carbonée.
Les contrôles techniques deviennent également plus stricts, avec un œil attentif sur les émissions réelles en circulation. Ceux qui roulent en diesel Euro 6 doivent surveiller ces échéances de près, sous peine de voir la valeur de leur véhicule chuter et les restrictions se multiplier.
Quels impacts pour les propriétaires de véhicules diesel Euro 6 ?
La disparition programmée de la norme Euro 6 diesel bouleverse le marché de l’occasion et les habitudes de mobilité. Les détenteurs de véhicules classés Crit’Air 2 voient les restrictions s’intensifier, d’abord dans les zones à faibles émissions, puis dans tout le pays. Accéder au centre-ville devient un défi, et revendre un diesel récent ressemble de plus en plus à un parcours d’obstacles.
Le marché de l’occasion réagit en chaîne : moins d’acheteurs pour les diesels, surtout dans les grandes agglomérations, anticipant déjà les prochains tours de vis réglementaires. Résultat : les prix baissent, les délais de vente s’allongent, et les transactions se négocient plus âprement. Chacun s’interroge : faut-il garder son diesel en espérant qu’il tienne, ou passer dès maintenant à l’hybride, à l’électrique, voire à l’essence dernière génération ?
La réglementation ajoute une couche d’incertitude. La vignette Crit’Air, autrefois anodine, devient une véritable clé d’accès, ou un verrou. Certaines compagnies d’assurance auto adaptent déjà leurs offres, intégrant les nouvelles contraintes de circulation et les risques spécifiques liés à l’immobilisation ou à l’usage limité des véhicules polluants.
Les constructeurs automobiles doivent eux aussi accélérer la transformation : réduire les émissions polluantes, renouveler les gammes, repenser l’offre. Pour les propriétaires, la vigilance est de mise : suivre l’évolution des réglementations locales et nationales permet d’anticiper les étapes de cette mutation inédite du secteur automobile.
Environnement et santé publique : vers une mobilité moins polluante
Écarter progressivement les véhicules diesel répond à une exigence forte : celle de la réduction des émissions polluantes. Même en version Euro 6, les moteurs diesel restent associés à la production de particules fines et d’oxydes d’azote (NOx), deux polluants sous surveillance des autorités sanitaires. Leur présence dans l’atmosphère urbaine aggrave la pollution et pèse sur la santé publique : maladies respiratoires, risques cardiovasculaires, hausse de la mortalité prématurée dans les zones les plus exposées.
Les zones à faibles émissions (ZFE) gagnent du terrain. Leur raison d’être : limiter la circulation des véhicules les plus polluants, notamment ceux arborant une vignette Crit’Air 2 ou supérieure. Paris, Lyon, Grenoble, Toulouse, Marseille… ces villes accélèrent la transition vers des modèles plus propres, soutenues par des aides fiscales et des incitations à choisir l’électrique, l’hybride ou l’essence moderne.
Concrètement, la part du diesel recule, modifiant rapidement la physionomie du parc automobile. D’un côté, les professionnels investissent dans l’hybride rechargeable et l’électrique. De l’autre, les collectivités adaptent les infrastructures : bornes de recharge, voies dédiées, nouveaux schémas de mobilité. Certaines zones constatent déjà une amélioration de la qualité de l’air, même si la transformation reste progressive.
Plusieurs effets sont déjà observés dans les territoires engagés :
- diminution des émissions de gaz polluants dans les ZFE
- renforcement des politiques publiques qui encouragent la transition des modes de transport
- premiers résultats tangibles sur la réduction des maladies liées à la pollution atmosphérique
Ce mouvement, inscrit dans la lignée des différentes normes Euro, trace une trajectoire claire : chaque nouveau tour de vis réglementaire restreint davantage la place des véhicules polluants et accélère la marche vers une mobilité plus propre. Demain, la route des centres-villes appartiendra à ceux qui auront su anticiper le virage.


